GLORYA •• « because it does not do to dwell on dreams and forget to live. »

En apparence, je ne suis pas quelqu'un de vraiment particulier. Comme beaucoup l'auront remarqué à la faculté où j'étudie depuis maintenant un an, je ne fais que me fondre dans la masse, je n'ai jamais apprécié le fait que les regards soient focalisés sur ma personne et d'ailleurs, je ne fais rien pour provoquer ce genre de réaction de la part du public. Je sais bien que mes parents sont aussi célèbres qu'il l'étaient il y a dix-neuf ans, à ma naissance, c'est pourquoi j'évite toujours d'informer les autres du fait que je suis leur fille, sinon, je sais que cela attirerait l'attention de mes camarades et qu'ils tenteraient de se lier avec moi seulement pour la célébrité de mes géniteurs, et même si je n'ai actuellement que peu de véritables amis, je préfère fonctionner de cette façon pour que l'on m'apprécie seulement pour ma réelle nature; je n'ai pas envie de jouer la comédie. Je ne suis pas attirée par la popularité, même si je pourrais y avoir droit grâce à ma classe sociale; on peut le voir tout de suite grâce à mes relations.
Je suis plutôt respectée par mes congénères et je les respecte en retour; malgré mon tempérament du genre réservé et le silence que j'aime faire régner, mon plus grand plaisir depuis ma tendre enfance a toujours été d'offrir à tous les individus que je croise mon sourire. Je crois que c'est tout ce dont j'ai besoin sur cette terre pour conserver ma bonne humeur, je veux sans cesse que ceux qui me côtoient, en particulier mon amie Rain bien entendu, soient heureux... Sans cela, j'admets que j'ai du mal à être en forme. Tous ceux qui me connaissent un minimum me disent par conséquent généreuse (ou pas assez égoïste, cela dépend). J'avoue que ce trait de caractère me joue bien des tours parfois, mon mon environnement semble tellement parfait que les désillusions, du coté du cœur par exemple, sont nombreuses. Je suis tellement idéaliste, c'est bien trop démesuré, et je sais me prendre de grandes claques... En effet, ma générosité engendre une curieuse naïveté dont j'ai beaucoup de mal à me débarrasser, on me demande si souvent de redescendre sur terre! Ce que je n'ai jamais su apprécier chez moi, c'est ma maladresse. Elle n'est pas seulement présente dans mes gestes, mais également dans chacune de mes paroles! J'ai certes tendance à vouloir réconforter tous ceux présents sur mon passage, mais j'ai bien peur que ce soit difficile pour moi, j'enchaîne futilité sur futilité sans parfois même m'en rendre compte; ma sincérité aurait-elle le pouvoir de blesser?

Je n'ai jamais été belle selon les autres; seulement mignonne ou encore jolie, mais pas plus que ça. De toutes manières, ça ne me dérange pas, je trouve cet adjectif si superficiel! Attention je ne dis pas que je suis négligée, au contraire, je prend beaucoup soin de mon apparence... Quelque part, j'ai de la chance d'être née dans une famille comme la mienne, car même si je préfère rester naturelle, j'ai le droit à de bonnes liasses de billets par mois, assez pratique je dois dire pour enrichir sa garde-robe. J'arrive facilement donc, avec mon budget, à suivre la mode sans être tel un mouton, les accessoires hauts en couleurs que j'ajoute à mes tenues leurs donnent un aspect original.
Mon visage, à vrai dire, je le trouve assez simple. Sa forme est fine, je possède des yeux en amande ponctués par de jolies pupilles de couleur verte - qui rappellent d'ailleurs la vase, comme apprécie me rappeler ma grand-mère. J'ai un nez de petite taille également très fin; si on l'observe bien, on peut y reconnaitre quelques minuscules taches de rousseur. Mes lèvres sont tout à fait simples, si simples que j'aurais beau rechercher la façon dont je pourrais le décrire, je ne trouverais rien; je les met en valeur, quand je trouve le temps bien sûr, grâce à un baume parfumé à la framboise que l'on pourrait trouver dans n'importe quel supermarché. Je pense que le plus marquant sur cette figure est très certainement la couleur de ma peau, d'une pâleur extrême en n'importe quelle saison. Cela me gêne tellement! Surtout en période estivale, lorsque toutes mes camarades affichent un teint parfaitement mat. J'admets tenter parfois quelques produits auto bronzants, mais rien n'y fait...
La seule partie de moi-même que j'arrive réellement à aimer, ce sont mes cheveux. Ils sont d'une couleur presque banale, puisque bruns avec quelques reflets roux qui se remarquent à peine...Cependant, j'ai toujours admiré leur forme. Ils sont constamment ondulés, décrivant parfois de grandes boucles, c'est vraiment harmonieux! J'en serais presque fière, vous comprenez. Ils sont également d'une épaisseur remarquable qui me permettrais presque d'oser tous les styles de coiffure. Dernière chose; chaque matin, j'utilise du maquillage. On me dit souvent que je n'ai pas besoin de tout cela, mais je suis obstinée de ce coté. J'accentue chaque trait de mon visage pour le faire paraitre bien plus spécial qu'il ne l'est. Cette technique ne semble pas des plus efficaces, mais j'ai besoin de cela pour me sentir bien dans ma peau...

Le douze décembre 1989, très tôt dans la matinée, une journée glaciale ponctuée par un ciel parsemé de nuages aux tons grisâtres s'affichait déjà à New York. Les hommes d'affaires se levaient désormais, bien que très difficilement; cependant, ils tentaient par tous les moyens de mettre leur humeur maussade de coté, une journée de travail des plus importantes les attendaient. Bref, en résumé, tout se profilait comme les 364 autres journées de l'année, la routine de chacun des résidents de la ville refaisait surface. Tout cela était à vrai dire bien étrange puisque personne n'était au courant que « l'événement people de l'année » (comme le nommait quelques uns des rédacteurs de la presse concernant les célébrités), se déroulait en ce moment-même à une maternité proche du centre de Manhattan.

Les cris d'une jeune femme, au fond de l'hôpital, inquiétaient de plus en plus un homme à l'allure stricte et aux cheveux négligemment ramenés en arrière, installé, comme chacun des autres accompagnateurs de patients, dans la salle d'attente de l'établissement. Nerveux, les sourcils froncés comme s'il s'apprêtait à furieusement quitter sa chaise d'un moment à l'autre, il scrutait l'horloge située au dessus de la porte d'entrée du bloc; cinq heures seize, affichait-elle.Alors que pour une énième fois il laissait échapper un long soupir, l'homme, prénommé Dean, se leva d'un bon; une sage femme se dirigeait vers lui, enfin.

« C'est une petite fille! » affirma t-elle, un grand sourire aux lèvres.

Après avoir prononcé ces mots, l'infirmière parut décontenancée face à la réaction de son interlocuteur; contrairement à tous les autres jeunes pères auxquels elle s'était donné du plaisir à annoncer la nouvelle, Dean ne quitta pas sa mine anxieuse, passant même d'un geste rapide sa main sur son front après avoir eu vent du sexe de son enfant... Probablement déçu à l'idée qu'il ne s'engagerait sûrement pas dans le milieu politique.
Ce qui avait le pouvoir de paraître extraordinaire à cette heure-ci, c'est que contrairement à la plupart des naissances auxquelles auraient pu assister les six milliards d'humains présents actuellement sur cette planète, ce n'était pas seulement la famille ou les amis qui s'impatientaient de voir le bébé, mais dans ce cas-là, c'était également une vingtaine de paparazzis présents au dehors de l'établissement, s'apprêtant à brandir leurs imposants appareils dès qu'une occasion serait à attraper.

Oui, certains de vous l'auront déjà compris, le douze décembre 1989, je vit le jour. Cela peut être impressionnant à première vue, mais ça ne l'est pas réellement...D'abord parce que je ne m'en souviens pas le moins du monde, mais aussi parce que tous ces New Yorkais étaient assoiffés de nouvelles de la merveilleuse progéniture des Wright, alors que je ne méritais en aucun cas cette célébrité prématurée. Cette étonnante attention sur moi s'est d'ailleurs prolongée quelques années; je pense qu'au départ, c'était amusant, mais mes parents se rendant compte que la présence des photographes était de plus en plus oppressante et ne facilitait pas mon éducation, ils m'envoyèrent, dès ma première année à l'école maternelle, vivre en compagnie de mes deux grands-parents lors de leurs voyages. La presse s'éloigna ainsi de la fillette que j'étais, les rédacteurs et les paparazzis se rendirent compte que je ne faisais pas partie de la famille des talentueux artistes du pays; ma célébrité s'estompa soudainement...heureusement.

J'ai toujours mené jusqu'à maintenant une enfance calme et paisible, profitant parfois de la fortune que j'ai à portée de main sans pour autant en abuser. Quelques parasites me rendaient des visites surprises pour un interview qu'ils décrivaient comme express, mais rien de grave.
Certains déclarent que la vie des enfants de stars est assez désagréable, je n'ai pas l'impression d'y avoir eu droit, sauf peut-être une seule fois. J'avais alors quatorze ans, encore toute ma vie devant moi, mais certaines connaissances jugeaient inacceptable de ne pas posséder un petit-ami à cet âge là. Un jour, un adolescent d'une beauté incroyable vint me trouver pour me proposer une sortie; bien sûr, c'était de la folie puisqu'il était pratiquement majeur, mais flattée par l'attention qu'il portait à mon égard, j'acceptais avec joie - surtout pour faire bonne figure devant mes camarades, bien entendu. Le soir même, je m'étais défilé; mes principes d'enfant bien éduquée ayant repris le dessus, il était inconcevable de fréquenter un tel individu, et le lendemain, je le contactais pour l'en informer et je reconnut que j'avais fais le bon choix lorsque je reçus un message de la part d'un des amis de ce jeune homme m'informant que ses seules intentions n'avaient étés que de réussir à coucher avec la fille d'une comédienne.